La suite...
Nous quittons Siglufjördur en longeant la côte vers l’ouest, toujours en compagnie d’un vent furieux qui nous oblige à stationner bout au vent si on ne veut pas se faire arracher les portières. Il paraît même que c’est la principale source de dégâts sur le parc des loueurs islandais !
Nous trouvons enfin un camping abrité et désert.
Comme beaucoup de campings islandais il n’y a pas de réception. Le propriétaire passe de temps en temps récupérer la monnaie ou alors vous déposez votre cotisation en liquide dans une urne, l’ « honesty box ». Cette nuit-là nous n’avons vu ni entendu personne pourtant au matin nous avions un autocollant sur la vitre avec un texte en anglais et islandais du genre : « nous sommes passés, vous n’étiez pas là ou nous n’avons pas voulu vous réveiller, merci de déposer votre participation ainsi que ce papier dans l’honesty box, amicalement, les propriétaires ».
Sur l’ensemble du voyage nous n’avons fréquenté que 5 campings : 3 en Islande et 2 sur la route à l’aller, en Allemagne et au Danemark. Il faut reconnaître que les tarifs sont très élevés pour des prestations minimalistes. Après le tour de la péninsule de Vatnsnes dans le nord, nous quittons la civilisation pour traverser le pays par la piste 35, récemment ouverte. La piste est en bon état, elle est même accessible aux non 4x4 depuis peu. Le Duster a fait des pointes à 80 km/h.
Premier bivouac dans un décor désertique mais venté…
Après des dizaines de km sans voir âme qui vive nous arrivons à Hveravellir, une sorte d’oasis au milieu du désert de lave. Là aussi nous devrons payer pour stationner la nuit mais dans un cadre grandiose et coloré, entouré de sources chaudes et de fumerolles sulfureuses… Nous étions en compagnie de gros 4x4 qui déplaçaient leurs clients-skieurs de site en site ou plutôt de glacier en glacier.

Le lendemain nous arrivons à Kerlingarfjöll un massif montagneux entre deux grands glaciers. Cadre grandiose, difficile à décrire, balades magnifiques, on est dans le haut de gamme islandais, bien loin des pièges à touristes.


Redescente vers le lac Hvitarvatn pour une longue balade totalement improvisée près du refuge de Hvitarnes
Puis petit détour à l’écart de la 35 vers Skalpanes pour voir de près le deuxième glacier islandais, le Langjökull. La piste d’accès est parfaite pour le Duster. Mais pour beaucoup de touristes l’aventure commence dans la vallée où d’énormes bus 4x4 vous transportent au pied du glacier.
Là ils sont habillés, casqués puis accompagnés pour 1 heure de motoneige sur le glacier. Des 4x4 de grandes marques aux pneus surdimensionnés vont également rouler sur le glacier de façon tout à fait légale. Le site est pollué, bruyant, pas la meilleure image du pays…


Notre programme initial prévoyait une remontée vers le nord-est à partir de cette région. Nous ne sommes que le 8 juin, nous décidons de continuer vers le sud. Une brève halte à la cascade de Gulfoss en milieu d’après-midi, parking bondé, le site est très touristique et fait partie du « Cercle d’Or ».
Fréquentation justifiée, sans doute la plus jolie cascade d’Islande. Nous l’avions déjà vue en 2018, vers 5h du matin un jour de pluie, ambiance différente…
Puis direction le Landmannalaugar, également visité l’an passé et qui nous avait emballés. Nous y passerons presque 3 jours à randonner dans un cadre remarquable et multicolore.


Le Duster aura droit à son premier vrai gué.

Un peu stressant au début, puis on s’habitue, nous en franchirons une vingtaine dans notre périple islandais. Pour être honnête il faut dire que l’Islande a reçu peu de neige l’hiver dernier, les rivières n’étaient pas trop gonflées par la fonte. Autre avantage pour nous, beaucoup de pistes ont été ouvertes de façon précoce, nous en profiterons largement par la suite.
Le centre de l’Islande possède de nombreux grands lacs artificiels. Les centrales associées permettent sans problème de fournir l’électricité aux 350.000 habitants et aux rares industries du pays.

Les pistes cahotantes d’accès au Landmannalaugar nous ont gratifiés d’une anecdote : 5 km après avoir croisé deux cyclistes nous trouvons une sacoche de vélo, pleine de matériel. Demi-tour mais sur cette piste défoncée (la 26 pour les connaisseurs) nous mettons presque une dizaine de kilomètres pour rattraper les deux cyclistes anglais qui ne s’étaient aperçus de rien. Séquence remerciements… ils ont reconnu que même en vélo cette piste était un calvaire, ils auraient hésité à faire demi-tour pour récupérer leurs précieux outils. Et nous repartons dans l’autre sens, heureusement le Duster encaisse bien les nids de poule mais nous avions hâte d’en finir avec ce tronçon.
Le soir nous entrons dans le vif du sujet, la piste 261. A partir du dernier hameau habité, Fljotsdalur, elle se nomme F261, le F signifiant qu’elle n’est accessible qu’aux véhicules 4x4. Pas de problème, le Duster est 4x4. Problème, la route est fermée. Il est tard, personne à l’horizon, nous contournons la chaîne qui barre la piste et nous avançons, pour voir…
Nous avançons sur une trentaine de kilomètres… en franchissant quelques petits gués. La piste semble avoir été refaite très récemment, des traces de niveleuse sont présentes, ça roule bien mais il faut être vigilant, de grosses pierres ont été arrachées par la niveleuse. On s’arrête près d’un refuge inoccupé. Il est fermé à l’exception d’un appentis où nous pourront cuisiner à l’abri du vent, royal. Nous passerons deux nuits près de ce refuge, sans voir personne, sauf quelques oiseaux et une vue magnifique sur le versant nord du célèbre Eyjafjallajökull !


Notre programme initial étant complètement chamboulé, pourquoi pas y inclure les îles Vestmann, tout au sud ? Nous trouvons des billets pour le vendredi 14, nous sommes le 12… Il faut meubler le 13! Pas de problème, un coup de Duster et nous voilà sur la 208 puis la F208 jusqu’à son terminus : Eldgja. Au-delà la piste est fermée et bien fermée ! Nous sommes dans le Parc National du Vatnajökull, nous croisons quelques rangers. Nous nous faisons discret et le lendemain, seuls au monde, nous remontons à pied le canyon de feu jusqu’au sommet modeste du Gjatindur via une belle cascade, l’Ofærufoss.
Le soir nous repartons vers l’ouest, pour rejoindre l’embarcadère pour les îles Vestmann. Au passage nous nous arrêtons près de patelins au nom imprononçable
puis sur une grève immense au pied d’un curieux promontoire rocheux : l’Hjorleifsholfdi (pas sur la photo).


Nous aurions pu visiter les îles Vestmann en Duster, le tarif du ferry n’a rien d’excessif car la traversée est courte mais comme nous sommes maintenant bien entrainés, ce sera à pied !
Bivouac improvisé près du ferry, comme ça pas de risque de le manquer!

Nous prenons le premier bateau vers 8h, le retour est prévu à 22h, au dernier bateau.
Journée bien remplie sur l’île principale, Heimaey. Le relief de l’île est particulier, à la fois volcanique au sud et montagneux au nord, avec des sentiers vertigineux, parfois équipés de cordes ou d’échelles en bois dans les passages les plus escarpés.
Ici le volcanisme est très récent, la dernière éruption qui a enseveli partiellement la ville date de 1973!

Le lendemain nous repartons vers l’est et tentons la piste F206. Chance inouïe, la piste ouvre ce jour là ! Elle vient d’être nivelée et compactée sur de grandes portions, un vrai billard avec quelques gués impressionnants mais inoffensifs !
Deuxième sueur froide en Islande : après avoir rattrapé un autre Duster nous nous retrouvons dans un gros nuage de poussière et là le Duster s’éteint, il s’arrête sans aucun voyant, comme si la batterie était subitement débranchée ! Impossible de redémarrer, nada. J’enlève la clé, sort prendre l’air (poussiéreux) et tente un nouveau démarrage, bingo c’est reparti et sans aucun problème depuis.
Sur les conseils d’un ranger nous faisons une boucle par la piste F207, c’est l’enchantement. On roule en traversant une zone volcanique au milieu de cratères dont le diamètre varie entre quelques mètres et plusieurs centaines de mètres ! Un grand moment de conduite et de solitude qu’on ne voudrait jamais voir finir, une autre planète !

Retour sur terre à Kirkjubæjarklaustur (à vos souhaits) et sa petite cascade et on continue vers l’est.

La route longe le plus grand glacier d’Islande (et d’Europe), le Vatnajökull. Ses nombreuses langues glaciaires sont magnifiques. Certaines arrivent tout près de l’Océan.

Au-delà du glacier, l’est du pays est constitué de fjords, nous en avons parcouru plusieurs avec une préférence pour le Mjóifjördur, un petit fjord à l’accès compliqué. La piste d’accès est ouverte quelques mois par an. Elle passe par un col élevé et descend par un tracé très raide sur le fjord. Nous avons pu tester l’assistance à la descente du Duster, très efficace ! La piste longe ensuite la rive nord du fjord, traverse le petit village de Brekka et se poursuit jusqu’au phare de Dalatangi.
Le temps de sortir faire une photo et déjà je suis attaqué par les sternes arctiques, très agressifs.
Pour le retour nous décidons de reporter les 46km de piste au lendemain. Nous trouvons un emplacement de bivouac idéal, sur une plateforme naturelle en bord d’Océan.

Il nous reste un jour en Islande, nous décidons de retourner à notre première étape Borgarfjördur, admirer les puffins (les macareux). Bonne pioche, la météo plus clémente les incitent à se dévoiler par milliers, du grand spectacle !

Dernière nuit en Islande, à Seydisfjördur, le ferry va bientôt arriver…

A suivre…